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COMMENT PREVOIR UN TEL PHENOMENE ?
1) L'éffort de recherche
2) Prévoir son arrivée
3) Prévoir son ampleur
1) L'éffort de recherche
a) Le réseau d'observation dans l'océan pacifique
L'océan Pacifique a été progressivement instrumenté pour mieux cerner le développement des anomalies tropicales. Les premiers réseaux de mesures furent le réseau des navires marchands et celui des marégraphes. Ces réseaux furent complétés, lors du programme international TOGA (Tropical Ocean and Global Atmosphere), voir " Le programme TOGA ", par un réseau de nouvelle conception qui suit les processus le long de l'équateur. Ce réseau TAO (Tropical Atmosphere Ocean) est constitué de mouillages instrumentés qui mesurent, en continu, les conditions atmosphériques (vent, température de l'air, humidité) et la température dans les premiers niveaux de l'océan jusqu'à 400 mètres de profondeur.
Le déploiement du dispositif, soixante neuf mouillages qui couvrent l'océan tropical entre 8°S à 8°N, a pris plusieurs années et est réellement opérationnel depuis 1992. Certains sites privilégiés sont également équipés de mesures de courant et de salinité. Les données sont transmises en temps réel par satellite et accessibles à tout chercheur. C'est grâce à ce système que fut détectée, dès novembre 1996, l'accumulation d'eau chaude, vers 150 mètres de profondeur, dans la région ouest du Pacifique tropical.
b) Les données satellites
Depuis 1982, au jeu de mesures in situ, s'ajoutent les données des satellites indispensables pour obtenir une image globale de l'évolution climatique. Les années 90 correspondent en particulier au lancement des satellites dédiés à l'océanographie. Dès 1992, les satellites ERS1 puis ERS2 permettent de déterminer le vent soufflant à la surface des océans. Et surtout, depuis 1992, nous bénéficions du satellite TOPEX-POSEIDON dont le radar altimétrique mesure les variations du niveau de la mer avec une précision centimétrique. Ces réseaux d'observation permettent de suivre étape par étape le déroulement des anomalies El Niño, conjointement dans l'océan et dans l'atmosphère.
Le développement spatio-temporel d'une anomalie est complexe et l'événement de 1997 a bénéficié d'une couverture spatiale exceptionnelle par la radiométrie, la diffusiométrie et l'altimétrie (figure 1). Ces instruments apportent des informations complémentaires sur le développement des anomalies. Les radiomètres suivent la température de surface, qui est le paramètre clé du couplage air-mer alors que le diffusiomètre suit le champ de vent à la surface de l'océan et l'altimètre mesure les variations du niveau de la mer qui correspondent à l'ajustement dynamique de l'océan sous l'effet du vent et des flux.
Le satellite Topex-Poseidon étant dépassé technologiquement on a décidé de le remplacer par le satellite haute technologie Jason. Jason a décollé le 15 septembre 2001 pour assurer la relève de Topex-Poseidon. L'espion des océans prend en effet sa retraite. Jason devra récolter des données encore plus précises, pour un jour prévoir l'océan comme on prévoit le temps.

2) Prévoir son arrivée
a) Résonnement scientifique
Les scientifiques pour prévoir cette perturbation utilisent un résonnement scientifique composé de 3 étapes :
- Observation : les scientifiques a partir des paramètres initiaux et de leurs changements d'une part et grâce aux images satellites observent le comportement des eaux du Pacifique et du cycle atmosphérique.
- Interprétation : Comparant les valeurs des paramètres observés avec les valeurs de références, on peut savoir si la situation actuelle est proche ou pas de la normale.
- Conclusion : A partir de données récoltés, ils peuvent établir si oui ou non nous sommes dans une phase normale ou une phase El Nino et a quel période des cycles atmosphériques et océaniques de l'océan Pacifique nous nous situons.
b) Pratique du résonnement scientifique
C'est le résonnement que nous allons adopter.
A partir de photos satellites, nous allons chercher à reproduire les étapes déterminantes dans la prévision de l'arrivée d'El Nino. Pour cela nous allons établir une hypothèse de départ qui serait al suivante : un El Nino va se produire.


- Observation de photos satellites : À l'aide des photos satellites infrarouges, la zone d'eau plus froide peut être détectée pendant plusieurs semaines; elle prend la forme d'une "langue froide" qui s'étend à partir de la côte sud-américaine, le long de l'équateur vers l'ouest.
Lorsque les alizés faiblissent, cette langue froide diminue et parfois disparaît. On aperçoit alors une tache d'eau chaude qui se déplace de l'Australie/Indonésie vers le Pérou. Cette tache, située entre 10N et 10S, peut s'étendre sur plus de 90 degrés de longitude.
- Interprétation : La photo ou la langue d'eau froide est bien visible représente la situation " la Nina " (situation normale) et celle ou cette langue régresse représente la situation " El Nino "
- Conclusion : Un El Nino s'annonce donc bien, l'hypothèse de départ est donc vérifiée.
3) Prévoir son ampleur
Il est possible de prévoir l'intensité d'El Nino ainsi que ses conséquences sur le climat du monde entier grâce à l'index ENSO et l'indice PNAO.
En effet, l'index ENSO ( El Nino Southern Oscillation : Oscillation d'El Nino dans le Sud ) est le phénomène liant l'océan et l'atmosphère qui peut causer des variations du temps sur des années : il se caractérise par les mouvements des eaux chaudes qui provoquent une condensation plus ou moins fortes ( et donc une certaine quantité d'énergie ) ; il est idéal pour surveiller l'atmosphère et l'Océan dans le Pacifique Sud et ses conséquences sur les masses d'air dans le reste de la planète . Cet indice prend en compte les paramètres suivants :
- la pression au niveau de la mer.
- les composantes du vent.
- la température à la surface de la mer.
- la température extérieure.
- la couverture nuageuse.
- la hauteur du niveau des eaux chaudes et des eaux froides.
Ces données ont été recueillies pendant plusieurs années et ont donné ce graphique ci-dessous :

Plus l'indice est positif, l'air chaud est fortement présent, ce qui peut être à l'origine de fortes précipitations de Décembre à Février ainsi que de nombreuses tempêtes.
Au contraire, plus l'indice est négatif, plus l'air froid est présent, plus le risque de vague de froid est marqué.
Le plus intéressant reste l'indice PNAO qui est fortement lié avec l'indice ENSO.
Voici la carte de l'indice PNAO :
Plus l'indice PNAO est élevé, plus les hivers seront doux avec de nombreuses tempêtes, plus les étés seront chauds avec de nombreux orages.
A l'inverse, plus l'indice est faible, plus l'anticyclone sera présent l'hiver avec des vagues de froid possibles, plus l'été sera chaud et sec !
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